L'humanitas de l'humain comme espace de don
Le don, la dette et l'identité. homo donator vs. homo oeconomicus, de Jacques T. Godbout
Lormont, Le Bord de l'eau, Coll. : « La Bibliothèque du Mauss », 2013, 160 pages
Professeur-chercheur à l'Université du Québec, l'auteur démontre que le don peut constituer un authentique paradigme alternatif à la fois au paradigme du marché (fondé sur l'équivalence) et à celui de l’État (fondé sur l'égalité). Il s'agit d'une déconstruction de la sociologie utilitariste et de la philosophie libérale qui considère que l'homme est, dans son essence, un être économique et, aujourd'hui, marchand. L'acte de donner est inscrit, nous dit Jacques T. Godbout, au cœur d'un grand nombre de pratiques interpersonnelles et sociales. Il ne cache pas aussi que l'identité même de la personne humaine est tributaire, en partie, de cette dialectique entre le don et le contre-don, la dette positive et la dette négative. La construction de l'identité est un processus complexe qui est créateur de sens. Or, le sens est ce qui fonde le don, car, dans celui-ci, ce qui « compte », c'est moins la valeur marchande de l'objet (ou du service), que l'intention. Encore une fois, ce travail témoigne du fait que la mesure statistique, comptable, autrement dit l'esprit de calcul, ne peut objectiver la totalité de la réalité socio-psychologique des humains, de leurs communautés et de leurs sociétés.