L'Architecture au miroir du Droit
Juger l'architecture, de Peter Collins
Gollion (Suisse), Editions Infolio, Col :. « Archigraphy », 2017, 312 pages.
Ce livre est difficile, et en même temps passionnant. Il est difficile, car il nécessite une grande concentration dans le processus de lecture. Il est passionnant, car il prend le contre-pied d'une croyance profondément ancrée dans l'inconscient collectif. Selon cette croyance, l'architecture est un domaine de créativité qui entretiendrait des rapports privilégiés avec les arts plastiques. En fait, l'architecture serait lui-même un art. Certes, nous dit l'auteur, mais peut-être qu'avec cette approche, nous perdons la finalité et la substance même de l’œuvre : répondre à des besoins sociaux et des exigences pratiques. Traduit de l'anglais par Pierre Lebrun, ce livre a été édité en 1971 à Londres. Son auteur, Peter Collins (1920-1981), est l'un des principaux théoriciens de l'architecture, historien et critique de la discipline. Dans Juger l'architecture, le projet théorique est de montrer, par l'exemple, que ce domaine est beaucoup plus en rapport avec les sciences juridiques et les sciences médicales qu'avec des pratiques comme celles de la sculpture ou de la peinture d'art. Cette analogie étable entre architecture et droit (essentiellement anglo-saxon) repose sur le fait que les jugements que les architectes et les magistrats sont amenés à formuler visent, non pas au bon plaisir personnel, à l'accomplissement de soi, à l'épanouissement sensoriel et sensible, mais à la « continuité historique » (à ne pas confondre avec la « contingence historique »), à « l'intérêt général », et cela dans une intégration durable de l'habitat à son environnement.